Mère Avette

In memory

10/04/2018

Merveilleuse et bienveillante, Mère Avette a éclairé mon enfance. Les quelques brèves périodes que j'ai pu vivre en sa compagnie m'ont apporté ce que portent le ciel et la terre les jours où il fait beau.
Femme de pasteur, elle débordait d'une spiritualité qui ne s'encombrait ni de dogmatisme ni de prosélytisme. Elle vivait sa retraite en Ardèche et avait fait restaurer et transformer en musée la maison de famille de Marie Durand, à Pranles. Marie Durand était issue d'une famille de Protestants, son frère était pasteur et revendiquait la liberté de conscience. Il passera sa vie dans la clandestinité. Marie sera emprisonnée en 1730 avec d'autres compagnes, à l'âge de 18 ans, dans la tour de Constance à Aigues-Mortes. Elle y restera 38 ans, refusant jusqu'au bout d'abjurer sa religion.
En me faisant visiter ce musée et en me racontant l'histoire de cette femme, Mère Avette a ouvert mon âme d'enfant à l'idée qu'il existait une famille plus vaste que la famille humaine. Une famille que l'on peut choisir en toute conscience parce qu'elle répond à nos valeurs les plus vitales: le respect de la vie, de la liberté, la résistance face à l'oppression du dogmatisme, d'où qu'il vienne.

Mère Avette est morte lorsque j'avais 15 ans. Elle est enterrée dans le cimetière de Pranles. Sa tombe en pierres, toute simple, a été construite par un homme perdu et sans famille qu'elle et son mari avaient accueilli. Il lui a survécu quelques mois à peine et l'a rejointe là où la vie, probablement, continue à être belle.

 

Récit et photo le Vent du changement

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